Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/417

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aucune loi, vos inquiétudes doivent redoubler à chaque instant, mais vous savez que je ne puis rien de moi-même et que toutes les menaces que pourront me faire les Maures ne m’obligeront jamais à entrer dans aucune des propositions qu’ils me font, lesquelles sont toutes injustes. Que le nabab s’adresse à M. Dupleix, gouverneur et nabab, qui seul a pouvoir de traiter avec lui ; la place m’est confiée et j’en réponds sur ma tête… Je vous prie de lui dire que si je ne lui ai pas envoyé de compliments à son arrivée, c’est que ses officiers ont agi contre le droit des gens en vous arrêtant, lorsque vous avez été envoyés pour le visiter. Après une telle démarche, comment veut-il que j’entre en accommodement avec lui ? Au surplus, s’il veut venir nous attaquer, nous sommes prêts à le recevoir les armes à la main ; qu’il soit assuré que nous ne nous laisserons jamais intimider par aucune de ses menaces[1]… »

Ainsi toute la responsabilité des événements allait retomber sur Dupleix. N’était-ce pas lui d’ailleurs qui les avait provoqués par ses promesses ? Il avait songé un moment à se rendre à Madras après le départ de la Bourdonnais ; mais l’hostilité des Maures qui lui barrait la route rendait maintenant ce projet irréalisable. Il en fut réduit aux négociations, et l’on recommença à correspondre. Après l’arrestation du fils de Bury, il écrivit au nabab (27 octobre), et à son fils pour leur rappeler le temps peu éloigné où ils lui permettaient de faire la guerre aux Anglais et même lui proposaient de l’assister ; s’ils l’avaient oublié, tant pis ; la valeur que les Français venaient de témoigner pouvait aussi bien se tourner contre eux et alors ce serait Madras qui serait rasé jusqu’au sol (Ananda, t. 3, p. 45). Après l’arrestation de Gosse et de Kerjean, Madame Dupleix crut aussi devoir écrire au nabab dans le même sens. Lorsqu’Anaverdi était venu à

  1. A. P. t. 16. Lettre du 30 octobre.