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Madras l’année précédente, il l’avait appelée sa fille et ils avaient uni leurs mains : elle croyait de bonne politique de réveiller ces souvenirs. Ananda ne pensait pas que ce fut une heureuse idée. (Ananda, t. 3, p. 55-57.)

Cependant Mafouz kh., venant de Conjivaram, était arrivé à Madras avec de nouvelles forces, portant l’effectif total à environ 3000 hommes. Suivant les ordres de Dupleix, qui tenait à ne pas prendre l’initiative des hostilités, nous ne répondîmes ni à leurs bravades ni à leurs provocations. Enhardis par notre patience, ils purent ainsi planter leurs drapeaux sur Egmore, à moins de deux milles de la Ville Blanche, d’où ils se dispersèrent pour nous couper les vivres et dès le 31 octobre, il ne nous vint plus ni volaille ni moutons ; nos troupes n’ayant que du riz et du beurre pour toute nourriture commençaient à souffrir et demandaient avec insistance à faire une sortie. Puis ce fut le jardin du gouverneur, tout à proximité du fort, qui fut occupé. Nous sommâmes les Maures de déguerpir, mais faute de mettre nos menaces à exécution, notre situation n’en devint que plus critique.

Le 1er novembre, l’ennemi essaya de nous couper l’eau. Pour l’effrayer, Barthélemy donna l’ordre de tirer à poudre le canon de l’un des bastions ; par une heureuse méprise, d’autres batteries tirèrent avec des boulets et l’armée maure fut en un instant couverte de projectiles. Prise de panique, elle abandonna aussitôt ses positions et s’en fut camper au nord-ouest de la ville. On décida de l’y attaquer et le lendemain de grand matin, la Tour partit avec un détachement de 200 Européens et 100 cipayes. La déroute des Maures fut rapide et presque totale ; ils ne durent leur salut qu’à la fuite et à la vitesse de leurs chevaux. D’ailleurs peu de victimes ; deux blessés de notre côté et environ 65 morts ou blessés du côté de l’ennemi.