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Avec un peu plus de bonheur on eut pu délivrer Gosse et Kerjean. Les Maures se replièrent vers l’Adyar, une petite rivière qui coule à cinq kilomètres au sud de Madras et se jette dans la mer à Saint-Thomé.

Là devait se passer l’un des faits les plus éclatants et les plus décisifs de notre histoire coloniale. Le 31 octobre, Dupleix avait fait partir pour Madras 500 hommes de renfort dont 200 français et 300 topas et cipayes. Paradis qui les commandait ne prévoyait certainement pas qu’il dut avoir contre lui toute l’armée maure, qu’il savait dispersée à ce moment autour de Madras : cependant, par mesure de prudence, il crut devoir prier Barthélemy d’envoyer un détachement à sa rencontre pour lui faciliter le passage de la rivière : on avait ainsi quelque chance de prendre entre deux feux les forces ennemis qui pourraient d’aventure nous être opposées. Paradis ne put malheureusement pas fixer tout de suite d’une façon précise le moment où il aurait besoin qu’on vint l’appuyer et lorsque Barthélémy sut enfin le 4 novembre à trois heures du matin que Paradis arrivait, la partie était déjà engagée et gagnée.

Arrivé pendant la nuit aux approches de l’Adyar, Paradis y attendit pendant deux heures le secours de Madras : voyant venir le jour, il crut que c’était le moment d’agir et dans la pensée qu’il était soutenu de l’autre côté, il se mit à passer la rivière.

L’ennemi, informé de sa marche, nous attendait sur la rive nord, où il avait édifié quelques retranchements. Les témoins évaluent ses forces entre trois et douze mille hommes et ces chiffres sont moins contradictoires qu’il ne paraît : on sait que chaque armée indienne était d’ordinaire suivie d’une foule de femmes, de domestiques et de marchands qui en décuplaient presque tou-