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Le malheur voulut que Barthélemy le sut également et l’apprit d’une façon blessante pour son amour-propre. Il n’est point douteux qu’en rentrant brusquement à Pondichéry le 28 septembre, d’Espréménil, quasi-gendre de Dupleix, ne déféra à un désir exprimé par lui et y déféra de bonne grâce ; mais il partit si vite qu’il n’eut pas le temps de recevoir une lettre où, pour donner définitivement la place à Paradis, son beau-père l’invitait à déterminer Barthélemy à demander également son retour à Pondichéry en lui insinuant qu’ils n’entendaient rien l’un et l’autre aux affaires militaires et qu’à le reconnaître ils ne seraient nullement déshonorés (Mém., n° 222).

Barthélemy ouvrit naturellement cette lettre, datée du 27 septembre, et en fut vivement affecté. Il tâcha néanmoins de tenir avec honneur le rôle qui lui était momentanément confié et l’on a vu avec quelle résolution il engagea l’affaire du 2 novembre et participa à celle de l’Adyar. L’arrivée de Paradis brisa sa résistance morale. Pressé par Dupleix, d’Espréménil lui avait écrit le 1er novembre, une lettre assurément sympathique mais décevante où, avec autant de délicatesse qu’il put en mettre, il lui conseilla de « se débarrasser promptement d’une affaire dont il ne tirerait jamais aucun profit, qui lui donnerait bien du travail et bien de la peine, et pourrait lui causer bien des chagrins par des fautes involontaires dans un métier que tous deux n’avaient jamais su » (Mém., n° 223).

Barthélemy comprit qu’il était à la veille d’une disgrâce, s’il ne prenait lui-même l’initiative de son rappel. Les procédés de Paradis achevèrent de le décourager. Celui-ci, à peine installé au Conseil, commença par demander que Desjardins et Villebague n’assistassent