Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/437

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ensuite un discours aux soldats et leur renouvela sous peine de mort la défense de piller, en ajoutant que la ville étant désormais au roi et à la Compagnie, le crime en serait d’autant plus grand.

En dehors de la délibération du Conseil supérieur, l’acte communiqué aux Anglais portait qu’ils seraient tenus de remettre toutes les clefs des magasins, pour que les Français pussent s’emparer de tous les effets qui y étaient enfermés ; — qu’ils auraient la permission d’emporter leurs meubles et habits, avec les hardes et bijoux de leurs femmes, mais qu’à l’égard dos marchandises, argenterie, chevaux, etc., ils resteraient à Madras comme appartenant à la Compagnie de France ; — qu’ils se retireraient où bon leur semblerait, sous parole de ne pas servir contre la France jusqu’à leur échange ; — que ceux qui voudraient rester dans Madras prêteraient serment de fidélité au roi entre les mains de Paradis ; — enfin que le gouverneur et son conseil s’obligeraient de ne point servir contre la France, et, s’ils refusaient d’en donner leur parole, qu’ils seraient conduits prisonniers à Pondichéry. (Mém., p. 140).

Tels étaient les ordres de Dupleix, et Paradis ne faisait que les appliquer. Morse et son conseil protestèrent, comme ils le devaient, contre cet acte qui n’en fut pas moins exécuté à la lettre. Pour empêcher les Anglais de sortir de la ville, Paradis fit circuler partout des patrouilles ; une soixantaine d’entre eux parvinrent néanmoins à déserter la première nuit ; les jours suivants, d’autres moins nombreux en firent autant. Les rassemblements de plus de six personnes furent interdits. Grâce aux mesures pour empêcher le pillage, la ville resta au surplus très tranquille. Deux soldats pris en train de voler dans une maison de la Ville Noire, passèrent en