Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/436

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On a vu plus haut que, sans connaître expressément les pensées de Dupleix, Barthélemy avait prononcé contre les agissements des Anglais un véritable réquisitoire. Moins bien renseignés, les habitants de Pondichéry ne pensaient pas différemment. Lorsqu’il connut l’affaire du 2 novembre où leur complicité était certaine, Dupleix jugea que le moment d’agir était venu, et à son instigation les notables se réunirent le 6 dans la matinée et décidèrent de lui demander l’annulation de la capitulation comme favorisant indûment les Anglais et tendant à abaisser la dignité et la réputation des Français aux yeux des chefs musulmans du pays[1].

Le Conseil supérieur prit le lendemain ce vœu en considération et décida de faire déclarer aux Anglais que le traité de rançon était nul et que la nation française se trouvait envers eux dans le même état que le jour où la ville s’était rendue aux armes du roi. Cette délibération fut aussitôt envoyée à Madras et ce fut Paradis qui la reçut. Il l’attendait ; dans une lettre du 9, il demandait encore les ordres du Conseil supérieur, au sujet du parti qu’il aurait à prendre, dans le cas où il trouverait Morse en faute pour l’exécution du traité. Après les avoir lus, Barthélemy, Bruyère et Friell dirent qu’ils ne voulaient participer en rien à leur exécution ; Friell alla même jusqu’à soutenir qu’il ne reconnaissait à Madras que le gouverneur et son conseil.

Il fallait une âme aussi énergique que celle de Paradis pour résister à cette sorte de quarantaine ; il se décida à agir seul et l’après-midi de ce même jour il fit faire lecture à la tête des troupes de la décision du Conseil supérieur, tandis qu’on la portait à Morse. Paradis fit

  1. Ananda, t. 3. p. 87-88.