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par mer avec Pondichéry et recevoir ou expédier deux ou trois bots chargés de marchandises.

Cependant trois faits relatifs à la navigation méritent d’être signalés. Le premier fut, le 12 janvier, l’arrivée du Centaure, du Mars, du Brillant et du Saint-Louis, qui partis pour Achem avec Dordelin, en revenaient sans y avoir rencontré la flotte ennemie : ils repartirent pour Pondichéry dans les premiers jours de mars.

Le second fut la prise du navire anglais la Princesse Émilie, le 27 février. Les événements se passèrent tout autrement que pour le Britannia. Ce navire, un des meilleurs voiliers de la Compagnie d’Angleterre, monté de 30 canons, venait de Londres ; comme le Britannia, il ignorait la prise de Madras. Sitôt qu’il fut à peu de distance de la côte, d’Espréménil fit envoyer au capitaine un billet, signé Stratton, pour lui donner l’ordre de s’en rapprocher le plus qu’il pourrait. Le capitaine — un nommé Best — lui répondit qu’étant parti d’Angleterre le 7 août précédent, sans avoir vu aucune terre depuis son départ, son équipage était sur les dents et il le priait de lui envoyer du monde pour l’aider à venir mouiller sous le canon de la place. Il était impossible de mieux entrer dans les vues de d’Espréménil. Onze chelingues chargées de 176 hommes partirent à la tombée de la nuit, pour mieux dissimuler leur qualité, mais n’ayant pu arriver ensemble, leurs officiers jugèrent que la prudence ne permettait pas d’aborder le vaisseau anglais sans avoir toute la troupe, et dans la crainte d’être eux-mêmes canonnés et détruits, si on les reconnaissait, ils ramenèrent toutes les chelingues à terre. La partie semblait perdue : d’Espréménil la sauva par sa présence d’esprit. Sous le nom de Morse il écrivit au capitaine une lettre où il disait qu’on lui avait envoyé soixante hommes durant