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valoir leurs terres, se flattent de surprendre le Conseil par leurs mensonges. Ce Candappa était un grand intrigant : il faisait dire aux fermiers ce qu’il lui plaisait. Dulaurens se donna le malin plaisir d’en avoir la preuve en le confrontant avec eux ; mais Candappa s’embarrassait peu des jugements qu’on pouvait porter sur son compte, « n’ayant, disait-il, à répondre de ses actes qu’à M. le Gouverneur de Pondichéry, avec qui seul il voulait traiter les affaires. »

L’affermage des arecs se fit plus simplement : il fut donné pour six mois à une femme à raison de 200 pagodes par mois, et personne ne le contesta. Il n’en fut pas de même de la ferme du bétel et du tabac, qui avait été précédemment adjugée à Villapoullé, à raison de 300 pagodes par mois. À l’expiration du contrat, qui eut lieu fin juillet, il y eut plusieurs enchérisseurs et surenchérisseurs et les offres allèrent jusqu’à 472 pagodes par mois. Les affaires de Madras se relevaient visiblement. Villapoullé n’avait cessé d’offrir les prix les plus élevés et ce fut encore lui qui resta adjudicataire.

Une adjudication plus curieuse fut celle des jardins appartenant à des Indiens qui avaient fui à notre arrivée et n’étaient pas revenus. Depuis leur départ, ces jardins, au nombre d’une centaine, restaient inexploités. C’étaient autant de richesses qui se perdaient. Dupleix songea à les mettre en adjudication. Le Conseil provincial estima, non sans motif, que vu leur nombre, on serait sans doute amené à les donner à des adjudicataires différents, sur lesquels on n’aurait aucune action et dont la plupart ne paieraient pas après avoir enlevé les fruits : le bénéfice escompté serait par conséquent purement imaginaire. Il lui semblait préférable d’inviter les propriétaires à revenir sur leurs terres et à les faire valoir, sauf à les engager à vendre à