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Madras et non ailleurs toutes les denrées qui pourraient provenir de leurs récoltes. Cette conduite procurerait dans la suite au pays une certaine abondance et ramènerait les esprits effarouchés par la crainte où l’on était d’être dépouillé de ses biens.

Mais tels n’étaient pas les désirs de Dupleix ; il voulait que les propriétaires, tout en conservant leurs terres à Madras, vinssent s’établir eux-mêmes à Pondichéry. Le Conseil provincial, plus soucieux des intérêts de la ville qu’il administrait, eut beau représenter que ces terres étant pour la plupart la propriété de petits laboureurs ; ceux-ci, en se rendant à Pondichéry, y seraient sans doute condamnés à demander l’aumône ou à mourir de faim ; Dupleix répondit que des malabars lui avaient offert 2.000 pagodes de la ferme. Le Conseil provincial dut s’incliner (A. P. t. 16. Lettres des 26 sept, et 13 novembre).

Ces détails prouvent mieux que par une démonstration théorique comment certaines affaires se réglaient à ce moment et c’est presque toujours par les petits côtés qu’on saisit l’esprit des institutions. Ils nous permettent encore d’établir que l’intervention de Dupleix dans l’administration de Madras était incessante et que la ville elle-même revenait peu à peu à des conditions normales d’existence. En additionnant les produits des diverses adjudications, on arrive à un chiffre de 12.000 pagodes pour l’année.

Seuls les droits maritimes continuaient à ne pouvoir être perçus. Les vaisseaux anglais bloquaient toujours la ville. Tantôt ils remontaient au nord jusqu’à Paliacale, tantôt ils redescendaient jusqu’à Sadras, sans jamais perdre Madras de vue plus d’une dizaine de jours. C’était miracle si dans l’intervalle une palle ou une embarcation légère venait à passer. Ils ne s’attaquèrent jamais à la