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sa charrue pour lui confier leurs hommes. Mais on n’était plus aux temps héroïques. À la nouvelle que Paradis allait les commander, les officiers, Bury, la Tour, Plaisance et deux autres encore opposèrent une sorte de refus de servir et alors que Dupleix était si maître de son personnel civil, il se trouva désarmé devant les règlements et les exigences militaires. Il appela donc au commandement des troupes le « bonhomme » Bury, major de la garnison, dont les titres ne le cédaient en rien à l’incapacité.

Bury partit le 18 au lever du jour avec 1.700 hommes tant blancs que noirs et sept pièces de campagne. La distance qui sépare Pondichéry de Goudelour n’est que de 26 kilomètres, dont 20 jusqu’au Ponéar, une rivière assez large mais pour ainsi dire sans eau qui, avant qu’on eut atteint le Gandilam, constituait une première ligne de défense. Deux kilomètres après ce fleuve se trouvait le grand village de Mangicoupom, avec un jardin et un bâtiment réservés aux commandants de Goudelour[1]. Tout le pays entre les deux villes est plat et bien cultivé ; il n’offrait, avant le Ponéar, d’autre défense naturelle que le Chounambar ou rivière de Gingy, qui se divise en deux bras larges et peu profonds, à cinq kilomètres de Pondichéry. Le petit fort d’Ariancoupom bâti par nous entre ces deux bras servait plutôt de protection à Pondichéry qu’il n’était une menace pour nos ennemis.

Les renseignements parvenus à Dupleix lui permettaient de supposer que nous rencontrerions peu de résistance.

  1. Le bâtiment existe encore aujourd’hui : il sert d’habitation au collecteur du South-Arcot, une des deux subdivisions actuelles de l’ancienne nababie du Carnatic. Une plaque commémorative indique que Clive y résida. À proximité on a élevé de grandes constructions en briques, qui servent aux bureaux de l’Administration.