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par 2 à 3.000 cavaliers et piétons. L’assaut fut rude et nous perdîmes au moins une quinzaine d’hommes et une partie de nos bagages. Paradis ne crut pas devoir revenir en arrière pour prendre part au combat et ce fut ensuite l’occasion d’une altercation des plus vives entre lui et Mainville : Mainville menaça de le tuer.

Arrivé à Sadras où le gouverneur hollandais le reçut par impuissance de lui résister, il y embarqua une partie ses hommes et ce qui lui restait de bagages, et partit lui-même par terre pour Pondichéry, où il arriva le 12 décembre dans la soirée. En route il avait rencontré La Tour, qui lui amenait 350 hommes de renfort. Les Maures ayant renoncé à poursuivre leurs attaques, ce secours se trouva inutile.

Tout était prêt pour l’expédition de Goudelour. Outre les forces de terre, Dupleix avait prévu que le Bourbon et une vingtaine de catimarons appuieraient l’expédition terrestre et chercheraient à diviser les forces ennemies par une menace du côté de la mer. Il ne restait plus qu’à faire accepter le choix de Paradis par les autres officiers. Dupleix se trouva là en présence d’une difficulté qu’il n’avait pas prévue. Paradis n’était pas officier de carrière et en admettant qu’on tint compte de son titre de capitaine réformé, des officiers plus anciens que lui devaient être désignés les premiers. Fallait-il parler de la supériorité de ses talents militaires ? Mais les autres capitaines se reconnaissaient- ils comme sans valeur ? Et lui-même n’avait-il pas quelque peu diminué son prestige et son autorité dans l’affaire de Sadras ?

Il semble qu’en désignant Paradis pour diriger l’attaque contre Goudelour, Dupleix ait eu du commandement militaire aux colonies à peu près la conception des anciens Romains, lorsqu’ils prenaient un Cincinnatus à