Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/479

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Des explications verbales eussent peut-être préparé une entente précise entre Dupleix et Mohamed Ali et notre avenir dans l’Inde eut été différent. On sait déjà que par dépit ou pour tout autre motif Mohamed Ali se jeta plus tard dans les bras des Anglais et que c’est lui qui leur donna le Carnatic et, avec cette province, tous les moyens de réduire à rien nos établissements. Mais qui connaît les secrets du destin ?

Quoiqu’il en soit, Mafouz Khan et Mohamed Ali levèrent leur camp le 25 février, le premier pour aller à Trichinopoly et le second pour retourner à Arcate. Mohamed Tavakkal ne tarda pas à suivre leur exemple ; il partit le 3 mars, accompagné de Delarche et de Kerjean, qui allaient demander au vieux nabab la ratification du traité. Ce fut encore l’affaire de plusieurs jours ; après quoi il y eut des fêtes et des réjouissances, comme si l’on eut remporté de part et d’autre une grande victoire. Chacun était content : Anaverdi Khan avait un instant craint que les malheurs ou la couardise de ses fils n’engageassent le Nizam à lui retirer la nababie du Carnatic, si mal défendue et Dupleix avait les mains libres du côté de Fort Saint-David. L’honneur d’avoir réussi ces négociations revient en très grande partie à Ananda ; Dupleix l’avait chargé de les conduire dans le plus grand secret et du commencement à la fin lui seul en tint tous les fils. Madame Dupleix, qui avait sa police et sa politique, n’en savait elle-même rien ; — ce qui prouve tout au moins que son mari ne lui demandait pas toujours des conseils.

§ 4.

Pendant que ces négociations ne poursuivaient, il y avait à Pondichéry un va et vient incessant de hauts