Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/480

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personnages indigènes ou leurs représentants ; on eut dit que la ville était devenue un centre d’intrigues où s’agitaient les destinées du pays. Ragogy Bonsla, Naser jing, Chanda-Sahib écrivaient à Dupleix ; le Mogol lui envoyait une sorte d’ambassadeur, sans doute pour quelque mission de peu d’importance ; lui-même entretenait des relations suivies avec les avaldars ou paliagars de la région, comme s’il était le véritable nabab du pays, ou le délégué du Nizam, ainsi qu’il arriva par la suite. Au surplus peu d’événements intéressants. Monson et Morse étaient partis sans éclat, l’un le 30 janvier et l’autre le 7 février, pour retourner en Europe, et Morse avait laissé en otage sa femme et ses enfants. Mahé de la Villebague, frère de la Bourdonnais, avait obtenu le 8 février la permission de passer à l’Île Bourbon sur un simple bot, le seul vaisseau qui durant cette saison fut envoyé aux Îles. L’escadre de Dordelin était repartie le même jour pour la côte Malabar, après une décision spéciale du Conseil supérieur qui annulait les ordres donnés par la Bourdonnais au moment de son départ. Dupleix avait d’abord songé à lui laisser suivre sa destination ; mais il craignit, vu sa faiblesse, de la voir tomber aux mains d’une flotte anglaise qu’elle ne pouvait manquer de rencontrer et puis… ne pouvait-il pas lui-même en avoir besoin pour la protection de nos établissements ? Du moins Dordelin reçut-il comme instructions de participer à la guerre de course et d’embarquer 6.000 Angrias qu’on lui offrait. (Ananda, t. 3 p. 207). Enfin le 9 mars, il arriva de Chandernagor un bâtiment qui déjà l’année précédente nous avait servi à maintenir nos communications et quelque commerce avec nos établissements du nord.

La paix rétablie avec le nabab, Dupleix reporta donc toute son attention du côté de Fort Saint-David. La situa-