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d’hommes et d’argent. Paradis la reconnut aussitôt au pavillon et sans perdre de temps il réunit un conseil de guerre, où la retraite fut résolue. À quoi servirait maintenant de s’emparer de Fort Saint-David si par une diversion probable, Griffin allait attaquer Pondichéry ? Nul doute qu’il ne la prit, puisque toutes nos troupes étaient parties. La retraite commença à dix heures et demie et s’effectua en bon ordre : l’ennemi tenta à peine un simulacre de poursuite. À sept heures du soir, nous étions de retour à Pondichéry : notre absence n’avait pas duré plus de quarante-huit heures.

Deux jours de plus et Fort Saint-David était entre nos mains. Pourquoi faut-il que Dupleix ait passé tout un mois à négocier avec les Maures ? Ce fut l’unique cause de son échec. S’il est vrai, comme il y a toute apparence, que les négociations traînèrent en longueur pour des questions d’argent, il dut amèrement le regretter. Ses hésitations en cette circonstance restent d’autant plus inexpliquables qu’il savait que Griffin venait d’arriver d’Angleterre avec deux nouveaux vaisseaux, l’un de 60 et l’autre de 40 canons et qu’il ne tarderait pas à paraître à la côte Coromandel, non seulement avec sa propre flotte, mais aussi avec celle de Peyton. Avec plus de décision, Fort Saint-David eut dû tomber dès le début de février. Aussi ne faut il point mettre uniquement sur la querelle de Dupleix et de la Bourdonnais le maintien de la puissance anglaise à la côte Coromandel.

§ 5.

Ce nouvel échec était plus désagréable que désastreux ; il nous obligeait à nous tenir constamment sur le qui-vive avec les Anglais, mais tant que la flotte de Griffin