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mars 1748 et ne se termina qu’à la suite de longues et onéreuses négociations. Instruit par l’expérience, Mainville continua plus modestement son voyage pour Mahé.

Le Mysore n’était d’ailleurs pas le seul pays où l’on voyageât avec autant d’insécurité. Le Carnatic n’offrait pas plus de garantie, si l’on passait trop près de la côte à proximité des Anglais. Près de trois ou quatre mois auparavant, le 18 juin, Leriche et Duval de Leyrit venaient de Karikal. Bien que le pays fut de la dépendance directe du nabab, Dupleix leur avait recommandé de faire un très grand détour dans l’intérieur des terres lorsqu’ils approcheraient de Goudelour. Aussi imprévoyants ou aussi confiants que le fut Mainville au Mysore, ils négligèrent cet avis et passèrent à Tirouvadi, qui n’est qu’à dix milles de la côte. Ils furent naturellement faits prisonniers et emmenés à Goudelour. Ce fut en vain que Dupleix protesta auprès du nabab contre cette arrestation opérée sur ses terres ; le nabab fit, il est vrai, des représentations à Floyer, mais elles n’étaient nullement comminatoires, et il est vraisemblable que Leriche et Leyrit seraient restés à Fort St-David jusqu’à la paix, si l’idée n’était venue de les échanger nominalement contre Morse, déjà libre depuis six mois et un nommé Perceval, beau-frère de l’ancien gouverneur Benyon (fin juillet 1747). Chacun trouva son compte à cet accommodement.

Cependant Dupleix n’avait point renoncé à l’idée de s’emparer de Goudelour. Il n’attendait que le départ de la flotte de Griffin pour renouveler ses précédentes tentatives. Or s’il arrivait à l’amiral anglais de prendre parfois le large, ses absences étaient de courte durée et il ne tardait guère à revenir à la côte pour en assurer un blocus plus ou moins rigoureux. Ce fut au cours d’une de ses