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façons pour les différentes personnes que les Marates ont envoyées ici, les discours prudents et mesurés qu’il leur a tenus, le bon ordre et la discipline que ces envoyés ont vu qu’on observait dans la place où tout le monde depuis le premier jusqu’au dernier sans distinction d’âge ou d’état était sous les armes, qui ont donné lieu à un si heureux dénouement. M. Dumas a représenté avec douceur à ces envoyés en se servant des raisons de justice et d’équité que les prétentions de leurs maîtres n’avaient aucun fondement et qu’il était résolu de soutenir cette place contre tous leurs efforts, qu’elle ne tomberait jamais de son vivant entre leurs mains et que tout ce qu’il y avait de Français dedans était résolu à s’ensevelir sous ses ruines, que cependant nous ne demandions pas mieux que d’être leurs amis. Le récit que ces députés ont fait aux généraux des Marates et de ce qu’ils ont vu et entendu nous en a attiré des lettres d’amitié et enfin un serpau qui est la marque la plus authentique d’une sincère union. »

Le départ des Marates ne rétablit dans le Carnatic, qu’une sécurité relative. Ces deux guerres avaient révélé l’impuissance politique et militaire du nabab et par tout le pays chacun des seigneurs tranchait du souverain dans ses terres, au grand détriment du commerce et des affaires. Les marchands n’osaient plus passer de commandes et les fabricants n’étaient pas sûrs de pouvoir les exécuter. La situation était la même à Madras où nos voisins, dans la crainte d’une attaque des Marates, avaient fait abattre de belles maisons trop proches de la ville, afin d’en dégager les défenses.

L’affaire des Marates est, dans sa simplicité héroïque, l’une des plus belles pages de notre histoire coloniale. Elle ne pouvait pas ne pas frapper l’esprit des contemporains, pour qui les grands hommes ne se conçoivent d’ordinaire que dans le passé. Ils furent plus justes à l’égard de Dumas dont la conduite ne trouva que des approbateurs.