Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/504

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Anglais, l’entreprise était devenue plus difficile. L’amiral s’en rendit vite compte, et ses premiers soins, avant de se mettre en campagne, furent d’essayer de ramener le nabab à sa cause et d’y intéresser également Naser jing. Dans ce but, il leur écrivit des lettres courtoises, où il s’attachait aussi à faire ressortir la force nouvelle des Anglais. Le nabab lui répondit le premier que l’état présent de ses affaires l’empêchait d’intervenir dans celles des Européens.

Dupleix avait toujours des espions à Goudelour. Il ne tarda pas à être au courant de ces tractations et entreprit de les déjouer, en recourant d’ailleurs aux mêmes procédés que Boscawen, c’est-à-dire en essayant d’impressionner les souverains indigènes.

« J’apprends, écrivit-il à Mafouz Kh. le 11 août, que les Anglais vous ont offert des présents et qu’ils recherchent votre assistance, mais je suis sûr que vous ne les aiderez pas. Même si vous le faisiez, comment voulez-vous que cela nous touche ? Si vous vous unissez aux Anglais et qu’ils marchent contre Pondichéry, nos troupes de Madras iront incendier cette partie de votre pays, et si vous attaquez Madras, nous irons ravager tout votre pays d’ici jusqu’à Arcate. Les Anglais sont d’ailleurs un peuple sans puissance. Cinq de leurs vaisseaux, trois du roi et deux de la Compagnie, ont été pris par nous et les vaisseaux du roi ont été coulés. Si vous vous abstenez de leur porter secours, nous vous enverrons de riches présents et vous aurez sujet de vous réjouir. » (Ananda, t. 5, p.185).

Ainsi Naser j. et Anaverdi Kh. devenaient pour ainsi dire les arbitres de la lutte entre les Français et les Anglais ; les deux partis s’entendaient également pour faire appel à leurs forces ou tout au moins pour invoquer leur neutralité. Dupleix avait cependant une attitude un peu moins conciliante que Boscawen ; il offrait et