Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/525

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garde, le gros des troupes composé de six pelotons et enfin un renfort de 6 à 700 cavaliers envoyés au dernier moment pour les soutenir. Nous perdîmes en cette affaire dix à quinze soldats et les Anglais 40 à 50 européens tués et 70 à 80 blessés. Les bateaux anglais qui attendaient au bord de la mer l’issue du combat, n’osèrent rien mettre à terre et rapportèrent les munitions et les hommes qu’ils devaient remettre à Boscawen ; or les hommes ne comprenaient pas moins de 800 blancs et 2 à 3.000 noirs.

Cette affaire eut plus de conséquences qu’elle n’en semblait comporter. Elle priva d’abord les Anglais d’un secours important dont ils avaient besoin. Nos escarmouches leur enlevaient tous les jours de 15 à 20 hommes et dans le peuple on disait que depuis l’attaque d’Ariancoupom ils avaient dû renvoyer à Goudelour 1.500 européens hors d’état de combattre et que 4 à 500 cipayes ou maures avaient été tués ou blessés, et les astrologues ajoutaient qu’ils seraient défaits avant que le soleil n’entrât dans le signe de la Balance, c’est-à-dire au début d’octobre. Bien que leurs 22 navires leur eussent amené 7.000 hommes, on estimait qu’ils n’avaient rien su faire de tout ce monde et qu’ils se conduisaient comme des couards. Par contre le prestige de Dupleix s’était relevé. « Chacun dit maintenant, nous raconte Ananda (t. 5, p. 353), qu’après la prise de Madras M. Dupleix brillait comme le soleil, mais qu’aujourd’hui Dieu voulait qu’il brillât comme un million de soleils ».

Un autre résultat plus tangible de la journée du 26 septembre fut que le nabab Anaverdi kh. qui était sur le point de faire cause commune avec les Anglais continua d’observer la neutralité. Boscawen n’avait jamais désespéré de le séduire et après la prise du fort d’Ariancoupom il lui avait promis 100.000 pagodes, s’il voulait lui envoyer