Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/549

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à la vérité, nous ne saurions mieux faire que de le reproduire purement et simplement.

« Ma jeunesse, disait Dupleix, a été employée au service de la Compagnie des Indes depuis 1715. J’ai occupé dans l’Inde les premiers emplois et pendant 34 ans d’un séjour continuel dans cette partie, je me suis efforcé de rendre les plus grands services et d’y mettre la nation sur un ton aussi distingué qu’elle avait été pendant plus de soixante ans dans l’état le plus triste. À peine le nom français était-il connu et l’on ignorait presque en France que le roi y eût des sujets.

« Le temps de ma direction à Bengale a été la première époque de ce changement de situation. Le pavillon du roi fut porté dans des endroits inconnus jusque-là à la nation et le commerce porté à un tel degré que nos antagonistes décidés crurent le leur absolument perdu. Pendant dix ans qu’il a duré, la Compagnie a reçu les plus belles et les plus nombreuses cargaisons ; la réputation et le crédit de la nation y acquirent une consistance qu’elle n’eut jamais. Le crédit était si grand que mon successeur immédiat [Dirois] en abusa en le poussant à outrance. Ce sont des faits connus et contre lesquels la Compagnie des Indes ne peut réclamer ; ses livres et ses lettres dont je suis porteur en font foi ; je n’y avais pas trouvé un seul bateau et à mon départ j’y laissai douze ou treize vaisseaux à la Colonie.

« Parvenu en 1741 au gouvernement général de l’Inde, j’apportai tous mes soins à la plus grande réussite du commerce de la Compagnie ; mes peines devenaient inutiles par la modicité des envois d’Europe en 1742 et 1743 et la guerre avec l’Angleterre en 1744 jeta toutes les colonies de la nation dans un manque total de fonds pour subsister ; ma bourse et mon crédit fournirent à tout et même aux préparatifs immenses exigés par M. de la Bourdonnais pour son entreprise sur Madras. La ville de Pondichéry ouverte sur une étendue de plus de 1.000 toises du côté de la mer fut fermée et en état de défense en moins d’une année. Les ouvrages extérieurs, l’exca-