Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vation des fossés, leur revêtement, enfin des ouvrages immenses en tout genre furent les fruits de mes soins, de ma vigilance, de mes avances, de mon crédit. La prise de Madras fut encore une suite heureuse de mes préparatifs et de la bravoure du commandant et des troupes.

« Après le départ de l’escadre de M. de la Bourdonnais, je me trouvai chargé de la conservation de Madras et de Pondichéry et de batailler avec les Maures qui n’attendaient que le moment du départ de l’escadre pour venir tomber sur Madras et nous insulter partout. Cependant les fonds que son escadre m’avait remis furent consommés en moins de deux mois, tant par le remboursement de partie des emprunts précédents que par les dépenses de l’escadre. Ce secours consommé me rejetait dans la triste situation qui avait précédé ; une même remise par quatre vaisseaux qui arrivèrent de France me mit un peu plus au large, mais non pas assez à mon aise pour n’avoir pas recours un mois après aux expédients et aux emprunts. J’avais de plus la conservation de Madras et la guerre des Maures ; le peu d’argent que M. de la Bourdonnais y avait trouvé fut bientôt consommé ; ainsi ces charges de plus jointes à celles que j’avais déjà me mirent bientôt aux abois. Je vins à bout de faire cesser la guerre des Maures après les avoir battus en plusieurs rencontres.

« Je prévoyais bien que les Anglais tâcheraient de prendre leur revanche sur Pondichéry ; il fallait les prévenir et mettre cette place et Madras en état de soutenir une attaque. Mes ressources, mon crédit et ma bourse fournirent à tout et quoique toutes les tentatives que l’on avait fait en France pour me secourir devinssent inutiles, l’ennemi trouva tout préparé pour le bien recevoir ; il est vrai — et je peux le dire — que j’avais fait des efforts surprenants. L’espèce d’abandon où nous paraissions être de la part de la France occasionnait une défiance et une rareté inconcevable d’argent ; le nom de la Compagnie ne pouvait être présenté pour les emprunts, je prêtai le mien ; il ne suffisait pas encore et je fus forcé d’avoir