Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

valeur, de sa situation ou de sa fortune. Il cause avec Dupleix comme avec un ami sûr et fidèle qu’il affectionne très sincèrement, mais sans aller jusqu’au lyrisme de Godeheu. Tant qu’il est à Lorient, il lui parle volontiers des affaires de la Compagnie autant qu’il peut les connaître et lui donne parfois son opinion personnelle, mais lorsqu’il remplaça Dumas, il s’en rapporta presque toujours à la correspondance officielle de la Compagnie. Il est vrai qu’il en était chargé et il nous déclare lui-même qu’il y mettait plus de franchise que son prédécesseur :

« Je pense, entre nous soit dit, lui écrivait-il le 27 décembre 1748, que vous trouverez quelque différence dans la correspondance de la Compagnie depuis que cette partie m’a été confiée. Mon prédécesseur avait de petits ménagements et de fréquents subterfuges dont je rougirais. Enfin il vous était connu. Pour moi qui ne pense qu’au bien de la chose, je bénis la Providence de n’avoir en tout cela aucun intérêt particulier. »

À lire ces lignes on peut supposer que Duvelaër n’avait pas pour la mémoire de Dumas un culte très fervent, mais il était plus nettement hostile à la Bourdonnais :

« Il est détesté de la plupart de ceux qui le connaissent, écrivait-il le 9 décembre 1742, et je suis extrêmement fâché qu’il ait trouvé le secret d’en imposera de certaines personnes qui le protègent et auxquelles je suis attaché »… « Quand serons-nous débarrassés de ce diable d’homme ? » ajoutait-il le 20 octobre 1743.

Godeheu ne pensait pas différemment, mais il l’exprimait avec plus de vivacité. Les questions de politique générale lui étaient évidemment plus familières qu’à son collègue qui, à vrai dire, était beaucoup plus soucieux de placer sa famille ou ses amis que de morigéner ses semblables. Pas une de ses lettres à Dupleix qui ne soit une lettre de recommandation et il faut lui rendre cette jus-