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commerce des complications inquiétantes. À la fin de 1744, la Compagnie dut suspendre ses paiements. Les actionnaires consultés incriminèrent le ministre et l’administration de l’Inde. Le ministre, pour se couvrir, recommanda expressément à Dupleix de ne pas dépasser les 400.000 rs. prévues au budget de la colonie, sous peine de répondre de l’excédent. On vit aussitôt reparaître la fougue naturelle du caractère de Dupleix ; il répondit que si on voulait lui chercher chicane, il n’avait d’autre parti à prendre que de supplier qu’on voulut bien « le décharger du gouvernement des Affaires de la Compagnie ». Ce n’était pas sa faute, expliquait-il, si les dépenses de l’Inde avaient été excessives et l’étaient peut-être encore ; ce n’est pas lui qui avait entrepris la guerre de Mahé ni armé l’escadre de la Bourdonnais. Quant aux dépenses des comptoirs, comment pouvait-il les empêcher ? Depuis que la Compagnie s’était réservé la destitution des principaux chefs, ceux-ci n’en faisaient qu’à leur tête. Et avec une modestie tout à fait touchante, Dupleix concluait en disant que ses « services connus de toute la terre » devaient suffire pour éloigner de lui le blâme général dans lequel on voulait l’envelopper (lettre du 5 octobre 1745). (A. C. C2 81, p. 119 à 122).

Le ministre et la Compagnie ne s’émurent pas de cette


    Dupleix ne les dépassât pas dans leur ensemble. Et quelques-uns le furent en particulier ; c’est ainsi que les dépenses de la garnison arrêtées pour les trois compagnies à 80.890 l. étaient en réalité de 96.368 ; les gages des serviteurs étaient de 25.122 au lieu de 10.000 ; par contre Dupleix ne faisait point mention dans son état des 150.000 liv. que la Compagnie entendait affecter à l’entretien de 4 vaisseaux dans l’Inde. En réalité les budgets de la Compagnie et ceux de Dupleix n’étaient comme tous les budgets que des approximations à la merci des circonstances. On doit cependant noter que Dupleix ne fit rien pour en détruire volontairement l’équilibre ; il évita notamment les dépenses somptuaires sous lesquelles faiblissent parfois les finances d’une colonie.