Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/202

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la lie du peuple, parmi lesquelles on remarqua plusieurs hommes habillés comme elles, annonça le projet de se porter à Versailles pour (disaient-elles) demander du pain ; au milieu des propos les plus infâmes qu’elles vomissaient contre la famille royale, et surtout contre la reine, elles ne dissimulaient pas leurs projets sanguinaires. La garde nationale rassemblée dès sept heures du matin et commandée par Lafayette, se porta à Versailles pour en expulser les brigands dirigés contre la cour, et ramena le monarque à Paris.

La conduite de Lafayette, dans cette journée, parut criminelle aux uns, équivoque aux autres. Dès lors il n’eut plus que des ennemis, et l’acharnement qu’ils mirent à le poursuivre dut le persuader de la haine que lui avaient vouée tous les partis.

L’Assemblée constituante, qui, depuis le serment du jeu de Paume, avait pris le titre d’Assemblée nationale, vint se fixer à Paris. Lafayette y soutint avec chaleur les intérêts du peuple ; il s’y montra tour à tour l’ennemi des jacobins et des partisans du despotisme. Ce fut dans une de ces séances orageuses, où chaque parti voulait, par l’exagération des idées, assurer le triomphe de son opinion, que du haut de la tribune Lafayette lança au milieu de l’Europe étonnée cette maxime, dont le retentissement a ébranlé tous les trônes : l’insurrection est le plus saint des devoirs.

Au 20 juin 1791, il fut accusé par les jacobins d’avoir favorisé la fuite de Louis XVI, et par les royalistes d’avoir préparé l’arrestation du Roi à Varennes. Il est difficile de se peindre la joie et la stupeur qui régnaient dans la capitale quand le lendemain cet événement fut connu. Les électeurs s’étaient rassemblés à l’hôtel-de-ville ; là mille avis sont donnés, discutés, abandonnés, mille propositions faites, examinées, rejetées ; c’est au milieu de ce cliquetis d’opinions diverses, que Lafayette se présente, et dit d’une voix ferme : Je réponds sur ma tête que le Roi ne sortira pas de la France. Ces paroles n’eurent pas besoin de commentaire, et le calme se rétablit.

Il appuya avec chaleur la proposition, qu’après l’acceptation de la constitution, le Roi fit à l’Assemblée de décréter une amnistie pour tous les délits politiques commis depuis 1789.

La guerre ayant été déclarée, Lafayette obtint le commandement de l’armée du centre ; il quitta le commandement de la garde nationale parisienne, et partit pour Metz, où il établit son quartier-général.

Ce fut là qu’il apprit les détails de la journée du 20 juin 1792, où le Roi fut