Page:Marty - Les principaux monuments funéraires.djvu/203

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pendant trois heures en butte aux outrages les plus révoltans. Lafayette vint à Paris, se rendit à l’Assemblée, y accusa hautement les jacobins d’avoir dirigé les excès de cette journée.

Cette démarche, qui ne lui ramena personne, fut diversement interprétée : d’un côté on pensa que si Lafayette n’avait pas empêché le Roi de passer la frontière à Varennes, il ne l’eût point exposé aux insultes qu’il avait reçues ; de l’autre on regarda sa présence à Paris comme une violation des lois de la discipline militaire, qui ne permettent pas à un général de quitter son armée sans ordre ; c’est même en s’appuyant sur ces lois, que les girondins demandèrent contre lui un décret d’accusation, qui fut rejeté par une forte majorité. Cependant l’armée prussienne, qu’il était chargé d’observer, s’avançait sur la Moselle : il porta son quartier-général à Sedan.

Les événemens du 10 août 1792 y furent bientôt connus ; Lafayette comprit toute la difficulté de sa position : avec des troupes fidèles, des autorités dévouées, il crut pouvoir conjurer l’orage. Il fit arrêter les commissaires envoyés par l’Assemblée nationale pour lui notifier sa destitution, assembla les troupes, et après une allocution énergique, leur demande s’ils veulent être les soldats de Pétion ou ceux du Roi de France : l’armée répond par des cris unanimes de vive le Roi. Tout semblait présager un mouvement qui, à ce moment, eût eu de la sympathie dans la troupe : mais on ignore par quels motifs Lafayette partit dans la nuit même, et se rendit aux avant-postes prussiens, où il fut arrêté, et conduit dans une forteresse où il passa quelques mois, puis la Prusse l’envoya à Vienne, et l’empereur d’Autriche le fit enfermer dans la citadelle d’Olmütz.

Ici se termine la première partie de la vie politique de Lafayette. Ce fut aux démarches assidues, aux sollicitations pressantes et aux qualités éminentes de Madame de Lafayette (née de Noailles) que le général obtint sa liberté, après quatre ans de détention.

Lafayette, absent de France, ne reparut que dans les premières années de la restauration. Nommé en 1823 à la Chambre des Députés par le département de la Sarthe, il suivit les mêmes principes que ceux qu’il avait manifestés à l’Assemblée constituante, et resta constamment dans les rangs de l’opposition libérale ; républicain par la conviction profonde que ce gouvernement seul était de tous le plus avantageux à la société, il aurait voulu le voir établi en France, mais comme en Amérique ; aussi était-ce toujours vers la république des États-Unis, qu’aux Chambres il ramenait toutes ses idées : d’ailleurs, dans un voyage qu’il