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CHAPPE.




Chappe (Claude), inventeur du télégraphe, naquit à Brûlon (Sarthe) en 1763. Il décela dès ses jeunes années un génie inventif qui se développait jusque dans ses amusemens. Cultivant avec ardeur les hautes sciences, il était à peine âgé de vingt ans, et le Journal de Physique avait déjà fait connaître plusieurs Mémoires de lui du plus haut intérêt.

Ces dispositions précoces, jointes au mérite réel de ses ouvrages, lui méritèrent l’honneur d’être admis dans la Société Philomatique, qui comptait alors parmi ses membres des savans du premier ordre.

En 1791, Chappe conçut l’idée de communiquer par des signaux avec des amis dont il n’était séparé que par quelques lieues. Cet essai ayant réussi beaucoup mieux qu’il ne l’espérait, il se persuada qu’on pourrait se transmettre des phrases entières, et adoptant cette pensée, il travailla sans relâche à porter son invention au point de perfection où on la voit aujourd’hui.

Ce fut en 1792 qu’il fit hommage à l’Assemblée législative de son procédé, en lui présentant une machine dont les formes, destinées à tracer les signaux, se dessinent dans l’air avec la plus grande netteté ; dont les mouvemens sont simples et d’une exécution facile ; qui peut être transportée sans inconvéniens ; qui peut, étant en place, résister même aux tempêtes les plus fortes ; qui communique avec rapidité et à de grandes distances des signes, dont l’application est si exactement analogue aux idées, qu’il n’est besoin que d’un seul signe pour en transmettre une.

Malgré l’utilité de cette découverte, la première ligne télégraphique ne fut établie qu’en 1793 ; et le premier signe de son existence fut la nouvelle d’une victoire. La Convention entrait à peine en séance, qu’elle reçut l’annonce de la prise de Condé : elle décréta sur-le-champ que cette ville s’appellerait désormais Nord-Libre ; le télégraphe avait transmis ce décret et la connaissance qu’en avait l’armée, que la séance de l’assemblée n’était pas finie.

Il est facile de concevoir quelle impression fit sur les esprits la célérité d’une telle correspondance, et combien promptement son utilité fut appréciée.

Les journaux la proclamèrent avec tous les éloges qu’elle méritait, et quelques uns même parurent s’étonner qu’une découverte si importante n’eût pas été faite plus tôt.