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sible, sollicitante de l’atelier public ». Il signalait l’« impudicité, l’effronterie » chez les femmes, « l’orgie, la débauche, la lubricité chez les hommes »[1]. Buret, que connaissait Proudhon, décrivait un autre danger quand il affirmait que « la classe ouvrière est abandonnée corps et âme au bon plaisir de l’industrie ».

Ces faits, qui firent jeter un cri d’alarme et d’indignation à tout ce qu’il y eut, au début du siècle, d’économistes philanthropes, Engels notamment en avait donné un tableau désolant, qui complétait celui de Buret. Pense-t-on qu’une vie de famille soit aisée dans les bouges où vit la classe ouvrière[2], quand la vie industrielle arrache du foyer la femme et les enfants ? Ne devine-t-on pas les effets de la promiscuité de l’atelier ? Et quand les ouvrières seraient assez fortes pour une résistance morale vraie, la contrainte patronale n’est-elle pas là pour les briser ? L’usine n’est-elle pas le harem du capitaliste ? Ainsi, flétries par le mauvais exemple, par les sollicitations de la misère et par la lubricité patronale, comment s’étonner qu’elles fournissent les plus gros contingents de l’année de la prostitution ?

Si l’on entend la famille au sens bourgeois (§ 27), comme une institution fondée sur un ensemble d’intérêts financiers que règlent les lois sur la dot et sur l’héritage et les cou-

  1. Pecqueur. Des Intérêts du Commerce, I, p. 359, 368, 380, 386.
  2. Engels. Lage der arbeitenden Klassen, p. 131-132, 151-153.