Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/176

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pour vain que fût leur projet de colonies agricoles, où ils comptaient caserner l’armée des sans-travail, ne sont pas indignes de considération. Louis Rousseau et de Villeneuve-Bargemont mériteraient toute une étude.

La Jeune Angleterre, dont Engels a nommé ailleurs les chefs, ne saurait prêter à moquerie, quand elle est représentée par Disraëli, Borthwick, Ferrand, lord John Manners, lord Ashley. Il est sûrement chimérique de vouloir nous ramener, comme le veulent ces hommes au merry England médiéval. « Mais, n’est-ce rien que le courage de reconnaître l’infamie de l’état présent, et de se révolter contre cette infamie[1] ? » N’est-ce pas lord Ashley qui, par ses discours, emplis d’une indignation candide contre les abus de l’industrialisme, fit passer le bill de dix heures, le bill sur la limitation du travail des enfants ? Ce sont là des services rendus à la cause prolétarienne que le marxisme ne saurait méconnaître (§ 23).

Avant tout, il se souviendra de Thomas Carlyle, le représentant vrai de ce torysme social, le prédicateur ardent dont Engels a tant de fois utilisé le livre sur le Chartisme (1840), et cette comparaison du Présent et du Passé (1843) dont il tira un de ses premiers articles dans les Annales franco-allemandes. Il en avait su estimer la honte tout humaine la langue prophétique. Cette misère d’un prolétariat innombrable, ses loques, sa dégradation ricanante, sa vie « dans un enfer bouillonnant de fumier, de vitriol, de

  1. Engels. Lage der arbeitenden Klassen, p. 296.