Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/46

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Il chargea Karl Marx et Frédéric Engels de rédiger un projet de manifeste, puis se prorogea jusqu’en novembre, pour fixer alors sa doctrine. Karl Marx et Engels condensèrent, dans une courte brochure, à la fois ce qu’ils crurent pouvoir conserver des principes antérieurs, pratiques et théoriques, de la Fédération des Bannis et de la Fédération des Justes, et le résultat de leurs recherches récentes[1]. Leur travail, que le congrès communiste tenu à Londres en novembre et décembre 1847 a fait sien après des débats qui durèrent dix jours, est devenu le Manifeste communiste retentissant que nous commentons. Il substituait à la vieille devise de la Fédération des Justes, suivant laquelle « tous les hommes sont frères », le cri de guerre nouveau : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

Le Manifeste prévoyait un cataclysme politique universel pour une date prochaine ; cependant, c’est sur l’Allemagne qu’il prescrivait au prolétariat international de tenir les yeux fixés, parce que la Révolution y serait non pas seulement politique, mais sociale. L’inexactitude historique de cette vue n’est pas aussi entière qu’on pourrait le croire. L’erreur de Marx porte surtout, comme l’a remarqué Édouard Bernstein, sur la force d’attaque dont disposait alors le prolétariat. Il est sûr que la Révolution de 1848 et la réaction internationale qui l’a suivie ont eu, pour une grande part, un caractère social, et

  1. V. Marx. Enthüllungen, p. 11.