Page:Marx et Engels - Le manifeste communiste, II.djvu/50

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nous ! », en dépit de l’intention conciliatrice reconnaissable, trahit clairement son origine[1].

Des congrès de districts en grand nombre vulgarisèrent cette doctrine. Un mouvement coopératif, comme l’Allemagne n’en a plus revu de pareil avant l’époque contemporaine, et que la réaction de 1853 seule réussit à écraser, marcha de pair avec l’organisation politique[2]. En quelque lieu que les libertés publiques fussent menacées, le comité central de l’Arbeiterbund offrait des armes, des bras, des fonds. Il mit sa caisse à la disposition de l’Assemblée nationale prussienne menacée, le 22 novembre 1848. En Saxe, au pays de Bade, la fédération ouvrière fournit les agitateurs et les chefs de la révolution. N’est-ce pas Born qui commanda à Dresde, lors du soulèvement de mai 1849, et, après avoir tenu quatre jours contre l’armée prussienne, sut faire évader les débris de son corps d’insurgés par la Bohème, et les sauver pour la révolution badoise ?

Cependant le centre de la résistance fut le pays rhénan. Marx y était accouru dès le début de 1848. Il y fît revivre, mais plus agressif encore et mieux armé, son ancien journal, appelé cette fois Neue Rheinische Zeitung, et dans une admirable campagne, du 1er juin 1848 au 19 mai

  1. V. Schlueter. Neue Zeit, 1885, p. 120 sq.
  2. Engels, dans sa préface aux Enthüllungen de Marx, n’a certainement pas rendu justice à cette organisation de Stephan Born. C’est ce que reconnaît Mehring lui-même, dans Geschichte der deutschen Sozialdemotkratie, t. ii, p. 559. V. aussi les Erinnerungen de Born, 1898.