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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/10

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cor, ne lui dit rien qui vaille. Il aime que le rideau se lève, que le livre s’ouvre aussitôt qu’il daigne prêter son attention. « J’ai failli attendre ! » dira Sa Majesté, le lecteur, si l’auteur tarde à entrer en matière.

Aussi, nous le tiendrons-nous pour dit, confiant qu’on voudra bien suppléer aux points dont manquent nos i. Intelligenti pauca !

Au surplus, nous n’avons pas la maîtrise de ces auteurs savants qui, habilement, captent votre attention, vous promènent à loisir par des sentiers détournés mais fleuris, multiplient les artifices pour piquer la curiosité, exciter l’intérêt, retiennent votre esprit par le charme des descriptions, le coloris du style, s’insinuent petit à petit dans votre âme, vous intriguent, vous remuent, vous passionnent, vous subjuguent enfin.

Sachez donc, sans autres circonlocutions, que les faits que nous nous proposons de relater nous reportent au lieu de Kébecq, dans la mansion du Gouverneur, ce château Saint-Louis, que le Comte de Frontenac, a restauré, il y a une dizaine d’années, car nous venons d’entrer en l’an de grâce mil sept cent quatre, ce jour étant le jeudi, 3 janvier, si vous aimez qu’on précise.

Vraiment, le châtelain fait, ce soir, grande dépense d’huile de marsouin, car les fenêtres sont partout brillamment illuminées. Il y a là du « micmac », comme on dit.

Aussi bien, c’est une procession ininterrompue de carrioles qui débouchent sur la Place d’Armes pour entrer dans la cour intérieure du château. À la lueur d’une sorte de quinquet fumeux suspendu au porche, on voit entrer ceux qu’amènent ces carrioles. Impossible de reluquer les arrivants, tant ils sont emmitouflés, mais on