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Page:Massé - Mena’sen, 1922.djvu/120

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Quand tout fut terminé, qu’il se fut acquitté de sa tâche, Robert adressa à cette tombe où il venait d’enfouir son bonheur un suprême adieu, puis lentement, comme à regret, il descendit du rocher, son calvaire, pour regagner la rive et continuer son voyage, seul désormais pour la vie, avec, en unique partage, l’atroce souffrance du présent et la hantise lancinante du passé sans le soûlas de l’espoir en l’avenir.

L’espoir, c’est la panacée magique à tous les maux de la vie, c’est l’oasis dont le mirage leurre, dans le désert de l’existence, notre pauvre âme assoiffée ! L’espoir, c’est la fée qui, dès notre naissance, s’attache à nous, chuchote agréablement à notre oreille, guide nos pas, jalonne notre route et, jusque sur le seuil de l’éternité, abuse nos âmes naïves. L’espoir rend le vivre tolérable et nous réconcilie avec le mourir ! L’humanité étoufferait dans cette boîte de Pandore si l’espérance ne s’y trouvait.

Le malheureux Robert était maintenant en proie à la crise que les événements avaient jusque-là différée. Tout était consommé ; il avait vidé le calice et son âme, débarrassée maintenant de tout autre souci, défaillait. Ses forces physiques étaient aussi épuisées ; la fièvre qui, jusque-là, lui avait prêté une vigueur factice ne faisait plus qu’intensifier sa sensibilité nerveuse. Privé de ce stimulant qu’est le devoir, il se sentait impuissant à réagir.

Abattu, las, il refaisait péniblement le trajet du rocher au rivage Il avançait avec difficulté, n’ayant plus la force de dégager ses jambes de l’étreinte traîtresse de l’alsial.

Arrivé au milieu du chenal, en plein courant, le vertige le prit. Le péril était imminent. L’instinct de la conservation décuple les