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MES SOUVENIRS

J’achevais de terminer Thérèse — longtemps avant qu’elle dût être représentée — quand mon ami Heugel m’apprit qu’il s’était déjà entendu avec Catulle Mendès pour donner une suite à Ariane.

Tout en étant un ouvrage distinct, Bacchus devait, dans notre pensée, ne former qu’un tout avec Ariane.

Le poème en fut écrit en très peu de mois. J’y prenais un grand intérêt.

Cependant, et ceci est bien d’accord avec mon caractère, des hésitations, des doutes vinrent souvent me tourmenter.

De l’histoire fabuleuse des dieux et des demi-dieux de l’antiquité, celle qui se rapporte aux héros hindous est peut-être celle aussi qu’on connaît le moins.

L’étude des fables mythologiques, qui n’avait, jusqu’à ces derniers temps, qu’un intérêt de pure curiosité, tout au plus d’érudition classique, a acquis une plus haute importance, grâce aux travaux des savants modernes, lui faisant trouver sa place dans l’histoire des religions.

Il devait plaire à l’esprit avisé d’un Catulle Mendès d’y promener les inspirations de sa muse poétique, toujours si chaude et si colorée.

Le poème sanscrit, à la fois religieux et épique, de Palmiki, Râmayana, pour ceux qui ont lu cette sublime épopée, est plus curieux et plus immense même que les Niebelungen, ce poème épique de l’Allemagne du moyen âge, retraçant la lutte de la famille des Niebelungen contre Etzel ou Attila et la destruction de cette famille. En proclamant Râmayana rilliade ou l’Odyssée de l’Inde, on n’a rien