Page:Maupassant - À propos du peuple, paru dans Le Gaulois, 19 novembre 1883.djvu/9

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et régulière.

Deux roues colossales déroulent le câble en fils d’aloës qui tient, descend et remonte la boîte de fer qui sert à descendre aux entrailles de la terre.

On nous prête des caoutchoucs ; on nous donne à chacun une petite lampe entourée d’une toile métallique. Nous nous serrons dans la grande chambre mobile qui va s’enfoncer dans le puits noir. L’ingénieur crie : « En route ! » Une sonnerie indique que nous allons à quatre cents mètres. La machine remue. Nous descendons.

C’est la nuit, la nuit froide, humide. Une pluie abondante tombe des parois du puits sur notre étrange véhicule, tombe sur nos têtes, coule sur nos épaules. Parfois, un courant d’air nous fouette le visage quand nous passons devant une galerie. On a peine à se tenir debout, tant on est secoué dans cette machine.

Mais des voix, lointaines comme dans un rêve, sortent du fond de la terre. On parle, en bas, là-bas, sous nous. Nous arrivons. La descente a duré cinq minutes.

Les galeries n’ont que peu d’hommes. Les ouvriers vont au travail à quatre heures du matin et remontent au jour à une heure après midi. J’aimerais mieux cela que les fournaises du Creusot.

On ne voit rien, que des mares d’eau, dans un étroit souterrain. L’eau ruisselle des murs, coule en des ruisseaux rapides, jaillit entre les pierres.

Un autre bruit nous étonne : ce bruit continu et sourd des machines à vapeur. C’est une machine, en effet, qui boit cette eau et la jette au-dehors, à quatre cents mètres au-dessus de nous. Et voici, tou-