Page:Maupassant - Contes de la bécasse, OC, Conard, 1908.djvu/133

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Sa femme, aussi exaspérée que lui, répétait : « Cette gueuse ! cette gueuse, cette gueuse ! … » sans pouvoir trouver autre chose.

Il s’était levé ; il marchait à grands pas derrière la table, le bonnet grec chaviré sur une oreille. Il balbutiait : « Comprend-on ça, docteur ? Voilà de ces choses horribles pour un homme ! Que faire ? Oh ! si je l’avais su de son vivant, je l’aurais fait arrêter par la gendarmerie et flanquer en prison. Et elle n’en serait pas sortie, je vous en réponds ! »

Je demeurais stupéfait du résultat de ma démarche pieuse. Je ne savais que dire ni que faire. Mais j’avais à compléter ma mission. Je repris : « Elle m’a chargé de vous remettre ses économies, qui montent à deux mille trois cents francs. Comme ce que je viens de vous apprendre semble vous être fort désagréable, le mieux serait peut-être de donner cet argent aux pauvres. »

Ils me regardaient, l’homme et la femme, perclus de saisissement.

Je tirai l’argent de ma poche, du misérable argent de tous les pays et de toutes les marques, de l’or et des sous mêlés. Puis je demandai : « Que décidez-vous ? »

Mme Chouquet parla la première : « Mais,