Page:Maupassant - Contes de la bécasse, OC, Conard, 1908.djvu/134

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puisque c’était sa dernière volonté, à cette femme… il me semble qu’il nous est bien difficile de refuser. »

Le mari, vaguement confus, reprit : « Nous pourrions toujours acheter avec ça quelque chose pour nos enfants. »

Je dis d’un air sec : « Comme vous voudrez. »

Il reprit : « Donnez toujours, puisqu’elle vous en a chargé ; nous trouverons bien moyen de l’employer à quelque bonne œuvre. »

Je remis l’argent, je saluai, et je partis.


Le lendemain Chouquet vint me trouver et, brusquement : « Mais elle a laissé ici sa voiture, cette… cette femme. Qu’est-ce que vous en faites de cette voiture ?

— « Rien, prenez-la si vous voulez.

— « Parfait ; cela me va ; j’en ferai une cabane pour mon potager. »

Il s’en allait. Je le rappelai. « Elle a laissé aussi son vieux cheval et ses deux chiens. Les voulez-vous ? » Il s’arrêta, surpris : « Ah ! non, par exemple ; que voulez-vous que j’en fasse ? Disposez-en comme vous voudrez. » Et il riait. Puis il me tendit sa main que je serrai. Que voulez-vous ? Il ne faut pas dans un