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NOTES D’UN VOYAGEUR.

malades. Là, les oranges mûrissent et les poitrinaires guérissent.

Je prends le train de nuit pour retourner à Cannes. Dans mon wagon, deux dames et un Marseillais qui raconte obstinément des drames de chemin de fer, des assassinats et des vols.

«…J’ai connu un Corse, madame, qui s’en venait à Paris avec son fils. Je parle de loin, c’était dans les premiers temps de la ligne P.L.M. Je monte avec eux, puisque nous étions amis, et nous voici partis.

« Le fils, qui avait vingt ans, n’en revenait pas de voir courir le convoi, et il restait tout le temps penché à la portière pour regarder. Son père lui disait sans cesse : « Hé ! prends garde, Mathéo, de te pencher trop, que tu pourrais te faire mal. » Mais le garçon ne répondait seulement point.

« Moi je disais au père :

— « Té, laisse-le donc, si ça l’amuse.

« Mais le père reprenait :

— « Allons, Mathéo, ne te penche pas comme ça.

« Alors, comme le fils n’entendait point, il le prit par son vêtement pour le faire rentrer dans le wagon, et il tira.