Page:Maupassant - La Verte Érin, paru dans Le Gaulois, 23 janvier 1881.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

belles. Lui, possédait une hutte (à laquelle manquait le toit ; mais on la pouvait réparer) et un cochon. Quant à elle, elle devait, en compensation de ces richesses, recevoir de son père une table, une chaise, une marmite et une couverture. Tout allait donc au gré des amants ; mais voilà que, le matin même du mariage, le cochon du fiancé mourut. Le père, à cette nouvelle, s’écria : « Tu n’auras pas ma fille ! » Le garçon s’indigna, s’emporta : ce fut en vain. Alors on lui proposa une transaction ; c’était de prendre la femme, mais de laisser aux parents la table, la chaise et la marmite, jugées d’une valeur équivalente à celle de l’animal trépassé. Il refusa avec énergie, exigeant le tout. La jeune fille, au fond de sa hutte, sanglotait — quand un rival se présenta, un rival avec un cochon vivant, un rival qui, sachant la catastrophe, venait perfidement offrir son porc et sa main.

On les reçut tous les deux à bras ouverts ; la jeune fille se consola tout de