vous ! Et, si vous êtes forcé de rentrer votre blé aujourd’hui même, allez chercher la Rapet, parbleu ! et faites-lui garder votre mère. Je le veux, entendez-vous ! Et si vous ne m’obéissez pas, je vous laisserai crever comme un chien, quand vous serez malade à votre tour, entendez-vous ?
Le paysan, un grand maigre, aux gestes lents, torturé par l’indécision, par la peur du médecin et par l’amour féroce de l’épargne, hésitait, calculait, balbutiait :
— Comben qu’é prend, la Rapet, pour une garde ?
Le médecin criait :
— Est-ce que je sais, moi ? Ça dépend du temps que vous lui demanderez. Arrangez-vous avec elle, morbleu ! Mais je veux qu’elle soit ici dans une heure, entendez-vous ?
L’homme se décida :
— J’y vas, j’y vas ; vous fâchez point, m’sieu l’médecin.
Et le docteur s’en alla, en appelant :
— Vous savez, vous savez, prenez garde, car je ne badine pas quand je me fâche, moi !
Dès qu’il fut seul, le paysan se tourna vers sa mère, et, d’une voix résignée :
— J’vas queri la Rapet, pisqu’il veut, c’t homme. T’éluge point tant qu’ je r’vienne.
Et il sortit à son tour.