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LES ROIS

bourgeoise demeurée entière, bien close, bâtie sur la rue, avec un jardin derrière.

Au moyen d’un gros caillou ramassé près de la grille, Marchas fit sauter la serrure, puis il gravit le perron, défonça la porte d’entrée à coups de pied et à coups d’épaule, alluma un bout de bougie qu’il avait toujours en poche, et nous précéda dans un bon et confortable logis de particulier riche, en nous guidant avec assurance, avec une assurance admirable, comme s’il avait vécu dans cette maison qu’il voyait pour la première fois.

Deux hommes restés dehors gardaient nos chevaux.

Marchas dit au gros Ponderel, qui le suivait :

— Les écuries doivent être à gauche ; j’ai vu ça en entrant ; va donc y loger les bêtes, dont nous n’avons pas besoin.

Puis, se tournant vers moi :

— Donne des ordres, sacrebleu !

Il m’étonnait toujours, ce gaillard-là. Je répondis en riant :

— Je vais placer mes sentinelles aux abords du pays. Je te retrouverai ici.

Il demanda :

— Combien prends-tu d’hommes ?

— Cinq. Les autres les relèveront à dix heures du soir.

— Bon. Tu m’en laisses quatre pour faire les