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LES ROIS

Je découvris sans peine la petite maison de l’ecclésiastique, à côté d’une grande vilaine église de briques. Je frappai à coups de poing dans la porte, qui n’avait ni sonnette ni marteau, et une voix forte demanda de l’intérieur :

— Qui va là ?

Je répondis :

— Maréchal des logis de hussards.

J’entendis un bruit de verrous et de clef tournée, et je me trouvai en face d’un grand prêtre à gros ventre, avec une poitrine de lutteur, des mains formidables sortant de manches retroussées, un teint rouge et un air brave homme.

Je fis le salut militaire.

— Bonjour, monsieur le curé.

Il avait craint une surprise, une embûche de rôdeurs, et il sourit en répondant :

— Bonjour, mon ami ; entrez.

Je le suivis dans une petite chambre à pavés rouges, où brûlait un maigre feu, bien différent du brasier de Marchas.

Il me montra une chaise, et puis me dit :

— Qu’y a-t-il pour votre service ?

— Monsieur l’abbé, permettez-moi d’abord de me présenter.

Et je lui tendis ma carte.

Il la reçut et lut à mi-voix :

« Le comte de Garens. »

Je repris :