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le vagabond

cailler vit en lui indubitablement l’introuvable assassin de la veuve Malet, que la police cherchait depuis six mois.

Dans la salle du conseil municipal, où ses gardiens le firent entrer, Randel retrouva le maire, assis devant la table des délibérations et flanqué de l’instituteur.

— Ah ! ah ! s’écria le magistrat, vous revoilà, mon gaillard. Je vous avais bien dit que je vous ferais coffrer. Eh bien, brigadier, qu’est-ce que c’est ?

Le brigadier répondit : « Un vagabond sans feu ni lieu, monsieur le maire, sans ressources et sans argent sur lui, à ce qu’il affirme, arrêté en état de mendicité et de vagabondage, muni de bons certificats et de papiers bien en règle.

— Montrez-moi ces papiers, dit le maire.

Il les prit, les lut, les relut, les rendit, puis ordonna : « Fouillez-le. » On fouilla Randel ; on ne trouva rien.

Le maire semblait perplexe. Il demanda à l’ouvrier :

— Que faisiez-vous, ce matin, sur la route ?

— Je cherchais de l’ouvrage.

— De l’ouvrage ?… Sur la grand’route ?

— Comment voulez-vous que j’en trouve si je me cache dans les bois ?

Ils se dévisageaient tous les deux avec une haine de bêtes appartenant à des races ennemies.