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YVELINE SAMORIS

perdu. Une vrai fille d’aventurière. Mais une innocente, une ignorante, une naïve, qui ne voyait rien, ne savait rien, ne comprenait rien, ne devinait rien de tout ce qui se passait dans la maison paternelle.

— Comment le savez-vous ?

— Comment je le sais ? C’est plus drôle que tout. On sonne un matin chez moi, et mon valet de chambre vient me prévenir que M. Joseph Bonenthal demande à me parler. Je dis aussitôt :

— Qui est ce monsieur ?

Mon serviteur répondit :

— Je ne sais pas trop, Monsieur, c’est peut-être un domestique.

C’était un domestique, en effet, qui voulait entrer chez moi.

— D’où sortez-vous ?

— De chez Mme la comtesse Samoris.

— Ah ! mais ma maison ne ressemble en rien à la sienne.

— Je le sais bien, Monsieur, et voilà pourquoi je voudrais entrer chez Monsieur ; j’en ai assez de ces gens-là ; on y passe, mais on n’y reste pas.