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YVELINE SAMORIS

— Mais quel est le père de la jeune personne ?

— Un Russe, parait-il, le comte Rouvaloff. Il ne voit plus la mère.

— Et le prince régnant aujourd’hui ?

— Ce prince anglais debout contre la fenêtre ; Mme Samoris l’adore. Mais ses adorations ne durent jamais plus d’un mois à six semaines. Du reste, vous voyez que le personnel d’amis est nombreux ; tous sont appelés… et presque tous sont élus. Cela coûte un peu cher ; mais… bast !

— Où a-t-elle pris ce nom de Samoris ?

— Du seul homme peut-être qu’elle ait aimé, un banquier israélite de Berlin qui s’appelait Samuel Morris.

— Bon. Je vous remercie. Maintenant que je suis renseigné, j’y vois clair. Et j’irai droit.

Quelle tempête éclata dans cette cervelle de jeune fille douée de tous les instincts d’une honnête femme ? Quel désespoir bouleversa cette âme simple ? Quelles tortures éteignirent cette joie incessante, ce rire charmant, cet exultant bonheur de vivre ? Quel combat se livra dans ce cœur si jeune, jusqu’à l’heure où le dernier invité