Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson, OC, Conard, 1909.djvu/141

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l’oublie ; mais tout à coup elle repart, vous forçant à relever la tête. On ne peut ni la prendre, ni la chasser, ni la tuer, ni la faire rester en place. À peine posée, elle se remet à bourdonner.

Or le souvenir de la Martine s’agitait dans l’esprit de Benoist comme une mouche emprisonnée.

Puis un désir le prit de la revoir, et il passa plusieurs fois devant la Martinière. Il l’aperçut enfin étendant du linge sur une corde, entre deux pommiers.

Il faisait chaud ; elle n’avait gardé qu’une courte jupe, et sa seule chemise sur sa peau dessinait bien ses reins cambrés quand elle levait les bras pour accrocher ses serviettes.

Il resta blotti contre le fossé pendant plus d’une heure, même après qu’elle fut partie. Il s’en revint plus hanté encore qu’auparavant.

Pendant un mois, il eut l’esprit plein d’elle, il tressaillait quand on la nommait devant lui. Il ne mangeait plus, il avait chaque nuit des sueurs qui l’empêchaient de dormir.

Le dimanche, à la messe, il ne la quittait pas des yeux. Elle s’en aperçut et lui fit des sourires, flattée d’être appréciée ainsi.

Or, un soir, tout à coup, il la rencontra