Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson, OC, Conard, 1909.djvu/142

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dans un chemin. Elle s’arrêta en le voyant venir. Alors il marcha droit sur elle, suffoqué par la peur et le saisissement, mais aussi résolu à lui parler. Il commença en bredouillant :

— Voyez-vous, la Martine, ça ne peut plus durer comme ça.

Elle répondit, comme en se moquant de lui :

— Qu’est-ce qui ne peut plus durer, Benoist ?

Il reprit :

— Que je pense à vous tant qu’il y a d’heures au jour.

Elle posa ses poings sur ses hanches :

— C’est pas moi qui vous force.

Il balbutia :

— Oui, c’est vous ; je n’ai plus ni sommeil, ni repos, ni faim, ni rien.

Elle prononça très bas :

— Qu’est-ce qu’il faut, alors, pour vous guérir de ça ?

Il resta saisi, les bras ballants, les yeux ronds, la bouche ouverte.

Elle lui tapa un grand coup de main dans l’estomac et s’enfuit en courant.


A partir de ce jour, ils se rencontrèrent le