Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/157

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gence, avec complaisance, avec une bienveillance souriante tous les coupables pour les défendre devant vous, nous qui, si nous aimons vraiment notre métier, mesurons notre sympathie d’avocat à la grandeur du forfait, nous ne pouvons plus avoir l’âme respectueuse. Nous voyons trop ce fleuve de corruption qui va des chefs du Pouvoir aux derniers des gueux, nous savons trop comment tout se passe, comment tout se donne, comment tout se vend. Places, fonctions, honneurs, brutalement en échange d’un peu d’or, adroitement en échange de titres et de parts dans les entreprises industrielles, ou plus simplement contre un baiser de femme. Notre devoir et notre profession nous forcent à ne rien ignorer, à soupçonner tout le monde, car tout le monde est suspect ; et nous demeurons surpris quand nous nous trouvons en face d’un homme qui a, comme l’assassin assis devant vous, la religion du respect assez puissante pour en devenir un martyr.

« Nous autres, messieurs, nous avons de l’honneur comme on a des soins de propreté, par