Page:Maupassant - Les Poètes français du XVIe siècle, paru dans La Nation, 17 janvier 1877.djvu/14

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Enfin Malherbe vint et le premier en France
Fit sentir dans les vers une juste cadence,

a dit Boileau.

Sainte-Beuve s’efforce de garder entre les deux écoles un équilibre bien difficile. Son balancier penche tantôt d’un côté et tantôt de l’autre ; il s’empresse de reprendre par ici ce qu’il a cédé par là ; aussi ne parvient-on guère à dégager nettement sa pensée et on pourrait presque lui reprocher d’être trop impartial.

Peut-être a-t-il, en certaines places, méconnu la question ? et, en voulant être absolument juste, finit-il par ne plus l’être ? Il compare trop et ne distingue pas assez.

Il énumère tous les bienfaits dont la langue est redevable à Malherbe. Il en cite des enseignements excellents qui touchent par plus d’un endroit à la remarquable poétique de M. Théodore de Banville : tels que celui-ci : « On trouve de plus beaux vers en rapprochant des mots éloignés qu’en joignant ceux qui n’ont quasi qu’une même signification. » Puis il se demande si de semblables hommes ne frappent pas d’impuissance une littérature naissante, en ne lui laissant que cette devise : « Abstiens-toi. »