Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

main-- qui les jetaient en des délires de bonheur, car je leur révélais chaque jour un de ces jeux inconnus, si pleins d’intérêt.

Ma demeure maintenant avait l’air d’une classe. Et mes petites amies, vêtues de soieries admirables, d’étoffes brodées d’or et d’argent, couraient à la façon de petits animaux humains à travers les longues galeries et les tranquilles salles où tombait par les arceaux une lumière affaiblie.

Puis, un soir, je ne sais comment cela se fit, la plus grande, celle qui s’appelait Châli et qui ressemblait à une statuette de vieil ivoire, devint ma femme pour de vrai.

C’était un adorable petit être, doux, timide et gai qui m’aima bientôt d’une affection ardente et que j’aimais étrangement, avec honte, avec hésitation, avec une sorte de peur de la justice européenne, avec des réserves, des scrupules et cependant avec une tendresse sensuelle passionnée. Je la chérissais comme un père, et je la caressais comme un homme.

Pardon, mesdames, je vais un peu loin.

Les autres continuaient à jouer dans ce palais, pareilles à une bande de jeunes chats.