Page:Maupassant - Lettre d’Afrique, paru dans Le Gaulois, 20 août 1881.djvu/10

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Alors vous dites : « Je comprends : c’est un rôle nouveau qu’ils jouent pour faire pièce à l’autorité civile. C’est de bonne guerre. Allons voir la boutique à côté. Et on se rend dans un pays gouverné par un administrateur en redingote. À vos questions, il répond : « Oh ! mes idées ont bien changé depuis que je suis ici. À Alger, je pensais tout autrement. Avec de la justice et de la fermeté, de la bienveillance sévère, on fait ce qu’on veut de l’Arabe. Il est docile et toujours prêt pour les corvées. Il tient de l’enfant et de la femme. Il suffit de savoir le prendre. »

La stupéfaction vous saisit. Et on s’écrie : « Alors nous sommes terriblement coupables. Comment ! ce peuple qu’il suffit de surveiller avec soin, les citadins ne parlent de rien moins que de l’exterminer et le chasser au désert, sans s’occuper de la façon dont on le remplacera. »