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l’héritage

rester ici jusqu’au jour ? » Lesable, perplexe, jugeait cela plus convenable. Alors le beau-père en prit son parti : « En ce cas, dit-il, apportons des fauteuils » ; et ils allèrent chercher les deux autres sièges capitonnés qui meublaient la chambre des jeunes époux.

Une heure plus tard, les trois parents dormaient avec des ronflements inégaux, devant le cadavre glacé dans son éternelle immobilité.

Ils se réveillèrent au jour, comme la petite bonne entrait dans la chambre. Cachelin aussitôt avoua, en se frottant les paupières : « Je me suis un peu assoupi depuis une demi-heure à peu près. »

Mais Lesable, qui avait aussitôt repris possession de lui, déclara : « Je m’en suis bien aperçu. Moi, je n’ai pas perdu connaissance une seconde ; j’avais seulement fermé les yeux pour les reposer. »

Cora regagna son appartement.

Alors Lesable demanda avec une apparente indifférence : « Quand voulez-vous que nous allions chez le notaire prendre connaissance du testament ?

« — Mais… ce matin, si vous voulez.

« — Est-il nécessaire que Cora nous accompagne ?

« — Ça vaut peut-être mieux, puisqu’elle est l’héritière, en somme.